
Cela signifie que nous devons étudier des copies réalisées par ses disciples pour imaginer ses travaux désormais perdus tels que la Bataille d’Anghiari, mais aussi afin d’analyser ce que l’on pensait être des travaux de ses disciples, pour voir si ceux-ci pourraient bel et bien être des œuvres autographes de Léonard. Ces entreprises se révèlent parfois frustrantes mais, même quand elles n’apportent aucune certitude, elles peuvent conduire à une meilleure compréhension du maître, comme nous l’avons vu dans le cas de La Belle Princesse. Léda et le Cygne est l’exemple le plus fascinant des œuvres perdues de Léonard.
L’existence de nombreuses copies, dont certaines réalisées par des étudiants de son atelier, semble attester que Léonard aurait terminé une version propre. Giovanni Paolo Lomazzo rapporte qu’une « Léda nue » est l’une des rares peintures que Léonard a achevées et il semblerait qu’elle ait été conservée en 1625 au château royal de Fontainebleau, car un visiteur y décrit « un personnage debout, Léda, presque entièrement nu [quasi tutta ignuda], avec le cygne à ses côtés ainsi que deux œufs dont les coquilles, une fois brisées, donneront naissance à quatre petits ». Cela ressemble au supposé tableau de Léonard même si, dans les travaux qui nous sont parvenus – le dessin préparatoire de Léonard et des copies du tableau –, Léda est entièrement nue1. Il est affirmé, dans un récit savoureux au point qu’il est dommage qu’il ne soit probablement pas authentique, que Madame de Maintenon, maîtresse et officieusement seconde épouse de Louis XIV, a détruit l’œuvre parce qu’elle la trouvait trop salace.
> Découvrez la biographie de Léonard de Vinci
Salvator Mundi

Un tableau intitulé Salvator Mundi (sauveur du monde) est venu s’ajouter à la liste des œuvres autographes de Léonard en 2011. L’œuvre figure Jésus faisant le signe de la bénédiction de la main droite et tenant un orbe en cristal massif dans la main gauche (fig. 83). Le motif du sauveur du monde, qui représente le Christ avec un orbe surmonté d’une croix (le globus cruciger), devient très populaire au début des années 1500, particulièrement auprès des peintres du nord de l’Europe.
La version de Léonard contient certains de ses signes distinctifs : un personnage à la fois rassurant et déconcertant, le visage encadré d’une cascade de boucles, caractérisé par un regard mystérieux, direct et pénétrant, ainsi qu’un sourire insaisissable. On retrouve dans l’œuvre la douceur à laquelle nous a habitués Léonard grâce à son sfumato typique. Avant l’authentification de la peinture, on ne retrouve aucune preuve historique attestant de l’existence d’un tableau de ce type. Dans l’inventaire du patrimoine de Salaï figure un tableau dénommé Le Christ selon Dieu le Père. Une telle œuvre est cataloguée dans les collections du roi d’Angleterre Charles Ier, décapité en 1649, ainsi que dans celles de Charles II, qui restaure la monarchie en 1660.
Cet article n'est qu'une courte introduction au livre présenté ci-dessous, comprenant quant à lui une analyse complète du sujet.
> Commandez dès à présent votre ouvrage
A lire aussi :
La Joconde, le tableau le plus énigmatique du monde
Extrait du titre Léonard de Vinci, la biographie
De Walter Isaacson
Collection Quanto
Publié aux EPFL PRESS




